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Nourrir les pollinisateurs

La richesse de la biodiversité sur Aix comme partout ailleurs, repose sur des équilibres complexes dans lesquels l'homme est malheureusement souvent un élément perturbateur.

Sur l'île d'Aix, la cohabitation faune, flore, humains ne se passe pas si mal.

Le souci,  c'est notre "micro-climat" que l'on nous envie pourtant et qui attire nos touristes. En effet, les insectes butineurs  qui vaillamment vont de fleur en fleur pour se nourrir et assurent  ainsi la pollinisation et le renouvellement de la flore aixoise ont bien du mal à trouver leur subsistance quand l'été brûle les pâturages et que la végétation se dessèche .

Interrogez une abeille ... elle vous dira qu'à partir d'août et jusqu'en septembre , elle ne trouve plus guère les plantes nectarifères qui lui sont indispensables pour fabriquer son miel et assurer ainsi son alimentation pendant l'hiver.

Heureusement pour elle, Olivier, l'apiculteur aixois,  remplit le garde-manger de la ruche par des provisions de sucre...

A Fleur d'île s'efforce de corriger cette pénurie pour que la cigale n'ait plus besoin d'aller implorer la fourmi.

(consulter Projets de " Cap 2023" ) 

Une abeille aixoise se confie !

Une vie d’abeille sur Aix, ça ressemble à quoi ?

Jusqu’au mois de juin, c’est la belle vie ! Les arbres, les fleurs des haies et des jardins, les prairies nous fournissent suffisamment de pollen. Les choses se gâtent à partir du mois de juillet quand l’eau commence à manquer. Les étés sont de plus en plus secs, parfois caniculaires, le nectar des fleurs, ce délicieux liquide sucré qu’elles sécrètent,  se raréfie et c’est la disette dans nos ruches. Pire, impossible à nous,  ouvrières, de faire des provisions de miel pour passer l’hiver.

Si l’apiculteur n’était pas là pour nous fournir un complément alimentaire à base de sucre, on serait mortes à la fin de l’été.

 

Un apiculteur sur l’île ? Mais alors, on y fabrique du miel ?

Hélas non, pas de miel, c’est ce que je viens d’expliquer. Et il faudrait vraiment que les circonstances changent en profondeur pour qu’on puisse commencer à rêver d’un pot de miel aixois ! Déjà, grâce à Olivier Tonazzi, l’île bénéficie d’une importante population d’abeilles depuis plus de 20 ans. Olivier vous expliquera plus tard son travail passionnant de sélection et de production de lignées exceptionnelles d’abeilles dans le laboratoire/conservatoire à ciel ouvert de l’île d’Aix, préservée des abeilles extérieures par la distance qui nous sépare du continent et des autres îles. Sans lui, la végétation aixoise serait vraiment menacée.

 

Les abeilles sont-elles les seules pollinisatrices de l’île?

Non, bien sûr mais nous assurons 80 % de cette pollinisation indispensable au renouvellement et au maintien de la végétation, comme sur le reste du globe. Les 20 % restants, ce sont nos petites sœurs, les abeilles sauvages ou solitaires, et les autres insectes butineurs, papillons, etc. relativement bien préservés sur Aix parce que c’est un environnement très protégé: peu de cultures donc pas de produits chimiques nocifs et autres pesticides.

Mais un autre danger nous menace en plus du réchauffement climatique et du manque d’eau en été : la modification de l’environnement végétal.

 

Quelle modification?

Les communautés qui ont occupé et modelé pendant si longtemps le paysage aixois y multipliaient les activités et les productions, vignes, marais salants, potagers, récolte de céréales… aujourd’hui, les pâturages ont remplacé les cultures et les jardins privés ne sont plus aussi soigneusement entretenus qu’autrefois. Dans la forêt, le chêne vert gagne du terrain et remplace les espèces anciennes comme les chênes, les tilleuls, les pins, souvent malades. La fréquentation touristique est aussi un facteur aggravant.

 

Alors, contente de la présence des maraîchers à Montrésor ?

Bien sûr, ils font revivre une tradition multiséculaire de l’île et en bio! On va bien travailler pour eux à partir de nos ruches…

 

Mais, si j’ai bien compris, il suffirait de semer à pleines mains des plantes mellifères dont on nous parle tant aujourd’hui ?

Pas si simple… Efforçons-nous d’abord de maintenir et de développer notre capital de plantes mellifères indigènes, sans le dénaturer en apportant des graines que les semenciers industriels vous incitent à semer à tout-va, mélanges de graines peut être traitées chimiquement ; elles ne correspondent pas nécessairement à notre environnement et peuvent très vite devenir invasives, et c’est déjà arrivé sur l’île. Alors, agissons ensemble mais avec prudence.

Et aussi, même si beaucoup d’insulaires rêvent d’une ruche dans leur jardin et d’un pot de miel aixois, prudence encore. Créons d’abord les conditions d’une survie naturelle des colonies d’abeilles et n’importez pas des abeilles du continent : nous sommes des abeilles exceptionnelles, recherchées par les apiculteurs français, des abeilles impériales «  of course » !

Ce n’est pas avec moi que vous poursuivrez cet entretien dans quelques semaines… Je ne suis qu’une ouvrière et je ne vis que trois à quatre semaines. Mais pas de regrets, quatre semaines sur l’île d’Aix, au printemps, c’est génial et nous faisons confiance aux membres de A Fleur d’Île pour travailler avec nous au service de la biodiversité aixoise!

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