Originalité de l’apiculture aixoise : des abeilles mais… pas de miel !
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Au siècle dernier, plusieurs insulaires ont installé des ruches mais avec des résultats décevants : peu ou pas de miel ! La raison ? une production de pollen au printemps, mais la sécheresse estivale limite la production de plantes nectarifères tout aussi indispensables aux abeilles pour produire le miel sans lequel les colonies dépérissent en hiver.
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Il y a plus de 20 ans, Olivier Tonazzi découvre l’île d’Aix et commence un travail d’élevage apicole original : il ne vise pas la production de miel mais utilise l’insularité aixoise pour y élever des reines aristocratiques ! 6 km de mer protègent les abeilles des contaminations et des hybridations continentales ; or une abeille ne s’éloigne de sa ruche que de 3 km au maximum.
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Depuis quelques années, un insecte parasite venu d’Asie, le varroa destructor, provoque dans les ruches européennes et américaines une mortalité importante. Nos apiculteurs ont eu longtemps recours à des traitements chimiques alors que les abeilles asiatiques ont développé des stratégies de résistance à ces attaques. Aujourd’hui les chercheurs ont sélectionné des lignées d’abeilles au comportement naturel de défense contre le varroa, le VSH ou Varroa Sensitive Hygien : les ouvrières ont la capacité de détecter et de nettoyer le couvain (les œufs) infectés par le varroa.
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Au printemps, Olivier apporte sur l’île plusieurs dizaines de mini-ruches, chacune occupée par une reine vierge issue d’une larve porteuse du gène VSH. Des abeilles-ouvrières les accompagnent pour les nourrir uniquement de gelée royale (la gelée royale, donnée à toutes les larves pendant seulement les trois premiers jours de leur vie, est ensuite réservée aux larves de reines et c’est ce traitement de faveur qui transforme une larve ordinaire en reine).
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Olivier apporte aussi quelques ruches de taille habituelle occupées par des faux-bourdons (des abeilles mâles), sélectionnés pour leurs qualités et leur complémentarité génétique avec ces reines. Des abeilles ouvrières sont aussi à leur service.
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Quelques jours après leur installation sur l’île, arrivées à maturité hormonale, ces reines sont fécondées par les faux-bourdons au cours du spectaculaire « vol nuptial » pendant lequel chaque reine s’accouple à une douzaine ou plus de faux-bourdons.
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De retour dans sa ruchette, la reine transfère d’innombrables spermatozoïdes dans sa spermathèque qui alimentera sa ponte de millions d’œufs tout au long de sa «royauté » de plusieurs années.
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Rapportées sur le continent, ces reines initieront des colonies fécondes, à la fois douces, résistantes et raisonnablement productives chez les apiculteurs qui travaillent avec Olivier et apprécient sa contribution à une apiculture raisonnée et écologique.
Olivier, tranquillement adossé à ses ruches, pendant que ses abeilles entrent et sortent pacifiquement !
L’action de A fleur d’île pour tous les butineurs aixois : favoriser la multiplication de plantes mellifères et entretenir les quelques mares d’eau douce de l’île : « sans eau douce, pas de biodiversité » ! Sensibiliser nos écoliers au rôle des abeilles, présenter à nos visiteurs les particularités de l'apiculture aixoise et multiplier ces pollinisatrices indispensables à la flore aixoise, sauvage ou domestique ! Les abeilles de nos jardins sont toujours les abeilles ... d'Olivier. Retrouvez les actions déjà menées et celles en cours pour Cap 2023 .